Ariane Krol
La Presse
Après Amos, Barraute. Pour la deuxième année de suite, une municipalité de l'Abitibi remporte la médaille d'or au concours international de dégustation d'eau de Berkeley Springs, en Virginie occidentale. Et c'est Senneterre, dans la même région, qui a décroché l'argent. Les promoteurs du coin échafaudent des projets pour rentabiliser cette ressource naturelle.
À une dizaine de kilomètres d'Amos, l'usine d'Eaux Vives Harricana se prépare à livrer ses premières bouteilles d'eau de source de marque Esker, qui devraient être sur les tablettes en juin. «La construction est presque terminée. Ils sélectionnent les employés», indique la porte-parole d'Eaux Vives, Carole Forster.
L'usine démarrera avec une vingtaine d'employés et devrait en compter de 60 à 70 d'ici la fin de l'année. C'est deux fois moins que ce qui avait été annoncé il y a un an par l'ex-premier ministre Lucien Bouchard. «Pour l'instant, ça va suffire à l'exploitation. Éventuellement, il pourrait y en avoir plus», dit Carole Forster.
Le projet n'en demeure pas moins une source de fierté et d'espoir dans la région. Avec le ralentissement de la forêt et des mines, l'eau est vue comme la ressource naturelle de l'avenir. Surtout après qu'un jury international lui eut décerné ses deux premières places le week-end dernier
«On va regarder ce qu'on peut faire avec ça, il y a des entreprises qui ont besoin d'eau de très bonne qualité», dit Richard Nantel, le directeur général de la municipalité de Barraute qui a présenté le dossier à Berkeley Springs.
La Ville d'Amos a créé toute une surprise l'an dernier en remportant la médaille d'or du concours international de dégustation d'eau dans la catégorie eau municipale. La municipalité de Barraute, à une quarantaine de kilomètres d'Amos, a répété l'exploit cette année, talonnée par sa voisine Senneterre.
Il faut dire que les habitants d'Amos, comme ceux de Barraute et de Senneterre, boivent au robinet une eau qui n'a rien à envier aux meilleures sources québécoises. Puisée dans un banc de gravier souterrain datant de l'époque glaciaire, elle est si pure que les municipalités n'ont pas besoin de la traiter.
Faire de l'argent comme de l'eau
L'eau d'Amos lui a déjà permis de convaincre une microbrasserie, Belgh Brasse, de s'installer sur son territoire. Saint-Mathieu-d'Harricana, une petite municipalité distante d'une dizaine de kilomètres, a reçu un investissement de 51,4 millions de dollars pour la construction de l'usine d'embouteillage d'Eaux Vives Harricana, une entreprise contrôlée à 60% par la multinationale italienne Parmalat. La première résolution du conseil municipal de Saint-Mathieu cette année a été d'adopter le surnom de Village de l'or bleu.
Senneterre, quant à elle, rêve d'attirer des producteurs en serres. Son premier argument de vente est un projet de parc thermique qui utiliserait l'eau chaude rejetée par l'usine Boralex. Mais la qualité de l'eau ne nuit pas. «On va pouvoir dire aux producteurs en serres qu'on a une des meilleures eaux au monde pour arroser leurs fruits et légumes», dit le commissaire industriel Jean-Maurice Matte.
Saint-Mathieu a toujours soif
Avant la construction du service des eaux de Barraute, en 1995, ses 2200 habitants devaient puiser eux-mêmes leur eau, qui n'était pas toujours de bonne qualité. La municipalité a emprunté 1,9 million pour sa construction, ce qui a rajouté environ 360$ par an sur le compte de taxes des propriétaires de maisons unifamiliales. «Ils se rendent compte que l'investissement en valait la peine», se félicite Richard Nantel.
À Saint-Mathieu-d'Harricana, l'usine ultramoderne d'Eaux Vives produira jusqu'à 500 000 bouteilles à l'heure. Les habitants, eux, n'ont toujours pas leur service d'eau municipal, un projet de 2,5 millions. «Je voudrais qu'on nous l'accorde avant l'ouverture. Je n'accepterai pas que ça ne marche pas», dit la mairesse de Saint-Mathieu, Claire Gagnon.
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